Salut à tous
Histoire de jeter encore un peu d'huile sur le feu, voici un deuxième
article de Coltman, dans lequel il répond à un certain Roger Mathers.
Le dit Mathers remet en question les résultats de Coltman sur l'absence d'influence notoire du matériau sur la sonorité en employant grosso modo les arguments donnés par "bill".
http://ccrma.stanford.edu/marl/Coltman/ ... n-1.08.pdf
En résumé, la réponse de Coltman est la suivante :
- En soi le matériau n'a que peu d'influence : il persiste dans cette affirmation
en s'appuyant sur les conditions de test "à l'aveugle" qu'il a utilisées dans
l'article précédent.
- Dans des circonstances de jeu "normales", le musicien ne peut pas
dissocier ses
préférences et ses
préjugés de la question posée
(c.-à-d. le matériau a-t-il une influence sur le timbre).
Ces faits montrent que le jugement du musicien est influencé par des notions préconçues et des associations mentales entre qualité du timbre et matériau. C'est une réaction humaine normale, intensifiée dans le cas de gens entrainés à incorporer un ressenti, une âme (
feeling dans l'article) dans leur art, et pour lesquels l'instrument devient, en effet, une extension de leur corps et de leur personnalité. Coltman se défend de vouloir déconsidérer cette attitude. Il pense qu'elle est une condition désirable pour l'achèvement d'une pleine expression artistique. Simplement, cette attitude n'est pas adaptée pour répondre à la question très concrète qui est posée.
Visiblement, Mather affirme que "beaucoup de flûtistes ont observé que le matériau et l'épaisseur de la tête affectaient le timbre plus que le matériau du corps". Et coltman de répondre : quels joueurs ? quelles comparaisons ont été menée ? Ou sont consignées leurs observations ?
Par cette réponse, il ne veut pas remettre en doute ce qui est dit, mais pointer du doigt qu'on ne peut pas mélanger conditions objectives d'expérimentation et passif culturel.
En réalisant de telles expériences, le but n'est pas de jeter aux orties des siècles d'artisanat et d'expression artistique. Mais si on accepte l'idée que le matériau n'a pas (ou si peu) d'influence sur le timbre, alors on se donne plus de liberté dans l'expression artistique. Cela ne signifie pas que le développement des instruments ne progressera plus. Est-ce qu'il n'est pas mieux de pourvoir se dire qu'on peut choisir un matériau pour sa facilité de travail, sa beauté, son toucher, que d'être esclaves d'un ou deux matériaux en pensant que tout autre essai conduirait à une qualité de timbre innacceptable ?
Eric
« Finalement, j’ai rencontré une brouette, et j’ai pensé qu’elle me prêterait une oreille attentive. » Lewis Carroll