DBardel

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DBardel
Dieu grec
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Message par DBardel »

Tiens je réagis seulement maintenant... J'avais oublié cette histoire de présentation qui avait débuté je sais plus où.

Alors même si Perrine (je crois) a dit qu'il y avait mon site perso pour lire 12 934 pages (et ne rien apprendre) sur moi, je vais quand même essayer de faire un petit effort pour raconter BRIÈVEMENT ma trépidante vie musicale. (On arrête de se marrer, au fond ! :evil: )

Donc, ceux qui ont vraiment lu mon site savent que je suis née pendant un concert de Ravel, avant que j'arrive mes parents en avaient déjà marre de moi. Mon premier vrai souvenir de concert, j'étais vraiment môme, c'était dans un cinéma à Vierzon et il y avait un piano pas croyable, tout doré avec des dessins, je vous dis pas le délire. En plus les musiciens étaient super bien sapés, avec queue de pie, chemises à jabots bouillonnants et œillets à la boutonnière. Moi je me croyais à Versailles, comme dans les bouquins de la Bibliothèque rose (j'avais pas la télé). Aux anges, que j'étais. Et je l'ai fait savoir en chantant avec passion pour accompagner cette musique dont on m'avait dit qu'elle était "de chambre". Bref, mes parents sont ensuite allés au concert tout seuls, et me posaient chez une dame pour que j'emmerde quelqu'un d'autre, c'est vrai quoi, pas toujours les mêmes... Et en fait de chambre, j'ai cherché partout, sous mon lit, dans le cheval à bascule, dans la commode, partout partout, et j'ai rien trouvé... :cry: Y'avait pas de musique dans ma chambre à moi, et ça, ce fut très dur.

J'ai voulu très tôt jouer du piano, mes parents ont pas voulu. Je me faisais des concerts dans ma tête, c'était bien. J'ai fini par avoir un orgue Bontempi, avec des numéros au-dessus des touches blanches et des "+" au-dessus des touches noires. Au bout d'une semaine ma mère a craqué et l'orgue Bontempi a été mis hors de ma portée, en haut d'une armoire. C'est dommage, je jouais très bien "Gingle bell" et "Le Pont d'Avignon".

Mon premier instrument a été une flûte à bec en vrai plastique, qui faisait partie du paquetage réglementaire de la collégienne entrant en 6e... :lol: J'avais une prof de musique géniale, j'en ai un souvenir impérissable. Si ça se trouve, Nono, tu la connais : elle s'appelle Dany Malescourt, elle est chef de chœur à Saint-Étienne (Ensemble vocal de St-Étienne). Là, il s'est vraiment passé un truc. La prof a convoqué mes parents pour leur dire qu'il faudrait que je fasse de la musique. Z'ont pas voulu. J'ai eu cette prof de septembre à juin quand j'avais 12 ans ; je ne me souviens pas de ceux qui lui ont succédé. Plus tard, beaucoup plus tard, j'étais à un concert, je me suis retournée pour regarder la salle derrière moi et là ! Paf ! J'le crois pas, ma prof ! :lol: Je lui ai sauté dessus comme une furie, je pense qu'elle a eu la peur de sa vie.

J'ai rencontré un piano quand je suis entrée en seconde, dans un affreux pensionnat horrible avec une surgé tortionnaire. Le piano était au sous-sol du pensionnat, c'était un Pleyel cadre bois, complètement désaccordé. Il avait des touches initialement couvertes d'ivoire, mais quand on s'est connus, de l'ivoire, il n'en restait pas beaucoup... Il fallait jouer sur le bois des touches, où il restait de petits plots de colle. Le bois avait été colorié au feutre, de toutes les couleurs, il avait des dents bleues, jaunes, violettes, rouges, mon vieux piano. J'y ai passé des heures. J'ai appris à jouer à l'oreille, j'étais paraît-il très douée. Sauf que quand j'avais l'occasion de m'amuser sur un vrai piano accordé, j'étais complètement perdue. Je jouais tout le temps, avant d'aller en cours, le soir jusqu'au couvre-feu, je ne faisais pas mes devoirs et j'ai flingué ma scolarité pour un très très long moment. J'étais en seconde A7 (dessin et histoire de l'art), et je ne faisais que de la musique. J'ai fait le mur juste avant qu'on me foute dehors, et je suis allée faire un BEP sténo-dactylo en pianotant sur une machine à écrire. Ma carrière musicale (et, accessoirement, picturale) s'est arrêtée là.

Et puis je suis arrivée à la rédaction du Progrès à Saint-Étienne, et le hasard a fait que j''ai atterri au service culture. Et le hasard a encore fait que j'ai remplacé une journaliste qui s'occupait de la musique classique. Et voilà, quinze ans après un silence total, ça m'est retombé dessus et j'ai rien pu faire. J'ai très vite acquis une petite notoriété et il a vite été admis que, faute d'être musicienne moi-même, je pouvais écrire plutôt bien sur le sujet. Tout le monde était content. J'ai essayé de me remettre au piano, avec prof, mais je n'ai jamais retrouvé la facilité que j'avais avec mon vieux Pleyel pourri que j'aimais tant. Je joue très mal, et ça me désespère.

Un week-end de mai, je m'en souviens très bien, il faisait un froid de canard et j'avais pas envie de bosser, j'ai été envoyée sur un concert en plein air, c'était un duo piano-clarinette au théâtre de verdure à Saint-Victor-sur-Loire, avec Cyril Goujon (piano) et Hervé Cligniez (clarinette). D'abord je connaissais pas, pour moi la clarinette c'était les défilés du 14 juillet, et en plus les gorges de la Loire un soir début mai, c'est la banquise. Donc c'est le couteau sous la gorge que je suis allée à ce concert me geler pour trois francs six sous écouter deux nazes qui allaient m'assommer avec des "airs traditionnels d'Europe de l'Est". C'est comme ça que j'ai décidé qu'un jour je saurai jouer de cette foutue clarinette. C'est malin. Quand on m'a envoyée à un récital d'accordéon, ça m'a pas fait le même effet.

Voilà, en gros, où j'en suis, d'où viens-je, où vais-je, dans quel état j'erre... J'ai fait un essai de clarinette dans le Cantal avec un prof nul qui m'a dit que je n'y arriverais jamais ; j'ai récidivé il y a trois mois avec un prof motivé et même si c'est pas toujours facile, je m'amuse comme une folle, je progresse (bizarrement, mais je progresse quand même), et je freine des quatre fers pour ne pas me laisser enrôler dans l'harmonie de l'école de musique. Je veux pas tomber dedans, je pourrai plus en sortir.

J'ai appris il y a très peu de temps que mon père avait été musicien, violoniste, bien avant ma naissance. Il a donné des concerts, comme soliste. Ma mère aurait des affiche de ces concerts... La seule musique que mon père m'ait fait entendre à la maison a été France Culture 24 heures sur 24 (je vous raconte pas le dimanche matin au chant du coq : Marseillaise, puis Valse de l'empereur, puis Tribune des critiques de disques, quand tu veux faire la grasse, c'est pire que l'enfer). Jamais je n'ai été encouragée pour faire de la musique moi-même, au contraire, je n'ai jamais pu m'approcher d'un instrument (sauf la flûte en plastique). C'est une grande énigme pour moi, c'est aussi le sentiment d'un grand gâchis et une énorme amertume. Mais j'm'en fous, j'arrive à vivre quand même avec la musique, à ma manière.

DB_j'vous_l'avais_dit_que_ce_serait_bref ! :lol:
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